Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/86

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se dentelle, bombe dans l’air doux et mauve de l’ombre.

Quels outils filiformes et légers creusèrent la matière de telle façon qu’on ne peut introduire la mine d’un crayon dans la gorge d’un rinceau ? Le tableau des portes, le bas des murs et des colonnes semblent ornés de cuir repoussé. Un culot sort légèrement du chevron d’un pilastre ; du culot jaillit un petit dieu en prière, gros comme Le poing, orné de ses bracelets et de son diadème. En montant des escaliers de quarante gradins, il semble que l’on marche sur des fleurs et des perles. Et quand les enroulements, les rosaces, les guirlandes cessent, que ce soit dans les cours ou au sommet des tours — se dressent alors, souriantes, enlacées ou dansantes, les femmes sacrées.

Une telle exaspération s’est donnée libre cours le long de kilomètres de galeries et des flancs de montagnes de pierre. La tour centrale d’Angkor Vat s’élève à soixante-cinq mètres de hauteur et le temple seul mesure deux-cent-quinze mètres sur cent-quatre-vingt-dix à sa base. Bantei Chhma est plus grand. Le Bayon, Ta Phrom, Prah Khan, Beng Méaléa ont à peu près les mêmes proportions.