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Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/101

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tre la maison et la forêt, ne remuant chaque jour qu’un peu de terre pour y faire pousser un peu de blé, se doutant à peine de sa noblesse plus grande.

Les sociologues ne trouveraient-ils point charme et profit à monographier, comme M. Léon Gérin l’a déjà commencé, en de magistrales études, ce type de société presque cloîtrée, société paternelle et paroissiale, qui ne s’est développée dans le Nouveau-Monde qu’en empruntant à elle-même, à son milieu géographique, à ses hérédités paysannes, françaises et chrétiennes ? Dans ces petites collectivités baptisées, pratiquant les sacrements et la prière en commun, groupées autour de leur église qui a reçu chacun de leurs membres sur les fonts baptismaux, qui a vu devant son autel s’échanger l’anneau des fiançailles, qui garde autour d’elle les tombes des ancêtres, où l’égalité de fortune, de soucis et de labeurs s’incline et s’ordonne sous l’autorité du prêtre qui est celle de la religion et de la morale, les sociologues trouveraient peut-être la démocratie sans phrases, avec les freins qui la conditionnent, avec la discipline qui crée de l’ordre et de l’avenir.

L’état social des vieux Acadiens a tenté les méditations de Raynal, de Rameau et de bien d’autres. Pourquoi notre vieille société de la Nouvelle-France n’aurait-elle point parmi nous ses admirateurs qui deviendraient ses historiens ? Pour découvrir ces