Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/102

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richesses du passé, nous n’aurions qu’à faire cesser notre indifférence inexcusable pour les choses de notre pays, qu’à perdre une bonne fois pour toutes notre état d’âme d’émigrés à l’intérieur. Il ne s’agit point, comme on nous le fait dire stupidement, de cesser nos relations avec la France, et de prétendre à une sorte d’indépendance intellectuelle. Mais il s’agit bien, par exemple, de ne pas faire aboutir la culture au déracinement et de ne plus tant mépriser ses compatriotes et la patrie canadienne, par ignorance ou par manie d’exotisme.

Autrefois, j’en suis sûr, quand de nos gars perdus dans les pays d’en haut, poussant leur canot toujours de l’avant, vers des régions mystérieuses, se voyaient tentés de renoncer au retour, de se laisser prendre pour jamais par l’attirance des bois, soudain, devant leurs yeux, passait, étreignante, la vision de la terre natale. Là-bas,