Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donné à personne de l’entamer. Tous ces vieux fondateurs de notre race, tous ces hommes aux poignets de frêne et au cœur d’argent qui ont tant bûché, tant labouré, tant peiné ; toutes ces vieilles aïeules au cœur d’or et à coiffe blanche qui ont fait aller tant de berceaux, ont tant filé, tant tissé, tant pleuré, tant prié pour que notre jeune pays existât, ah ! nous pouvons les saluer, sans crainte, avec la fierté orgueilleuse de fils de bonne race, là-haut, sur le piédestal d’amour et d’honneur où nos cœurs les ont élevés. Maintenant qu’une plus grande lumière a commencé d’éclairer notre passé, le temps vient où ceux-là qui rougissent des ancêtres et de leur pauvreté et qui s’en vont, les mains tendues, vers les idoles où l’or ruisselle, ne pourront plus commettre cette infamie, je ne dis pas seulement, sans manquer de cœur, mais aussi, sans manquer d’esprit.

Quand à quelques-uns l’on parle des ancêtres, des vieux Canadiens, « Ah ! oui », nous disent-ils, avec un air entendu, « ah ! oui, le capot d’étoffe à capuchon, la ceinture fléchée, les feux-follets, les loups-garous ! » J’espère vous démontrer que notre petite histoire contient quelque autre chose que ces éternels clichés, ces vénérables oripeaux, autre chose que le trappeur et le coureur de bois. Le paysage unique et invariable du Canadien en raquettes et encapuchonné, sur