Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un fond de forêt où dansent des feux-follets et des fantômes de loups-garous, peut convenir à certaines caricatures d’un Dr  Drummond ; il ne convient pas à la vérité.

Dans la description ethnographique que je me propose de vous faire, me permettez-vous de m’attacher plus particulièrement aux traits qui, dans la famille et la paroisse, révèlent le côté pittoresque, l’originalité de ces deux entités sociales ?

Toute la vie de l’ancien habitant canadien se confine, sauf en de rares périodes, dans la famille et dans la paroisse. Tout se passe pour lui autour de la maison et autour du clocher. Et ces deux mots nous représentent des communautés bien closes. Songez que la Nouvelle-France n’a point de chemin de terre entre Québec et Montréal avant 1730 ; qu’aucun système de postes régulier ne fonctionne avant la première partie du dix-huitième siècle et que nos gens ont ce bonheur appréciable de ne point lire les journaux. L’habitant ne s’extériorise que par la guerre, par les voyages aux pays d’en haut, et aussi par les prônes de son curé qui lui communiquent parfois les ordonnances des intendants et des gouverneurs, lui commentent les événements des vieux pays. D’où l’on peut ramener les éléments de la vie familiale et paroissiale à trois tout au plus : l’élément champêtre, rural, l’élément militaire