Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/35

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Ils avaient, en outre, les distractions qui venaient du dehors. Peu nombreuses, elles existaient néanmoins pour ceux qui habitaient le bord du fleuve et c’est alors presque tout le monde. Vers 1720 le courrier postal commence à faire la navette entre Québec et Montréal ; il apporte des lettres et aussi des bavardages et des bavardages autant que des lettres, bavassements ou parlements qu’il colporte volontiers de paroisse à paroisse. Depuis toujours ce sont les voyageurs qui vont l’hiver d’une ville à l’autre, en traîneau sur le fleuve, l’été en barque ou en canot, qui s’arrêtent ci et là pour un repas, pour la nuit et qui sèment eux aussi les nouvelles. Un jour de juillet 1753 voici venir sur le fleuve un bateau plat garni de treize rameurs, couvert d’un tendelet avec des rideaux sur les côtés. C’est M. l’ingénieur Franquet et son escorte qui s’en vont à Montréal et de là jusqu’à Oka et jusqu’au fort St-Frédéric, faire l’inspection de notre système de défense militaire. Un autre jour d’hiver voici paraître soudain une longue file de carrioles et de traîneaux à deux chevaux ; les voitures sont bien trente, quarante, peut-être cinquante, et, dans la côte, c’est un branle-bas général. Chacun se hâte, attelle, se met en route, veut être là pour tracer le chemin ou faire une suite ; d’autres tiennent prêts quantité de chevaux pour le relais, car voici M. Bigot, intendant de la Nouvelle-France et Monsieur le général