Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/36

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Montcalm avec de belles dames qui s’en vont l’un et l’autre à Montréal régler, chaque printemps, les affaires des pays d’en haut ; ou bien voici encore le gouverneur M. de Vaudreuil qui passe ; et chaque paroisse jette dans le chemin le plus de carrioles possible, pour battre la route et faire suite, car ainsi se manifeste, en ces temps heureux, la chaleur du respect et du loyalisme.

D’autres jours l’animation se fait encore plus considérable ; toutes les routes ont été balisées ; des fougères, des rameaux jonchent les chemins ; les cloches s’ébranlent, elles sonnent à toutes volées ; là-bas, au détour de la route, précédé des voitures de la paroisse où il arrive et suivi des voitures de la paroisse qu’il quitte, s’en vient en bénissant Mgr  l’évêque de Pontbriand. Quelquefois il chemine beaucoup plus modestement l’évêque de la Nouvelle-France. Dans les chemins d’été si affreux ou dans les paroisses qui n’ont de chemins d’aucune sorte, l’évêque va en canot, à pied, comme le plus petit de ses missionnaires et comme autrefois Montmorency de Laval. On le rencontre dans l’eau, dans la boue jusqu’à mi-jambe, cherchant un gîte contre le mauvais temps, dans les maisons au bord de la route, et partageant, à la table de famille, le repas du plus modeste habitant.

Un autre jour c’est un homme à barbe et à lunettes, j’imagine, qui passe le long de