Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/47

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Hertel, Portneuf, Sainte-Hélène, les randonnées aux villages bostonnais, qui ont déchiré le mystère des forêts vierges, découvert les fleuves qui mènent au bout du monde, où le soleil est plus haut et plus rouge ? Et voyez vous l’atmosphère très riche, très originale que tous ces éléments peuvent constituer aux plus humbles familles, et quel parfum d’héroïsme et de légende merveilleuse doit flotter à la tête de tous ces paysans amoureux de gloire qui ont entendu tant de fois le Te Deum célébrer des victoires, et qui ont vu les cloches des églises sonner triomphalement pour annoncer le retour de Louis Jolliet du Mississipi ?

Chaque famille est fière de son patrimoine moral ; et la fierté ira parfois, pourquoi ne pas le dire ? jusqu’à la vantardise. C’est le péché mignon de nos ancêtres que beaucoup leur reprochent. Mais comment empêcher que ne leur monte à la tête, la gloire, ce vin capiteux qu’ils boivent comme de l’eau ? Le Beau écrit « qu’ils tiennent des Gascons en ce qu’ils sont grands vanteurs de leurs propres actions ». Et le Père Silvy voulait bien nous concéder, qu’après s’être beaucoup amendé, il ne resterait, « pour tout défaut au Canadien, que l’envie de courir et d’être plein d’orgueil ». Seulement, vous l’observerez, ces compliments s’échangeaient entre Français. Et je soupçonne nos pères d’avoir pratiqué la loi des compensations, en