Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/58

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nes qu’alors n’apportait pas encore un vieux bouffon allemand ; nous savons de même comme il était grave de prononcer certains mots que les hommes chassaient de leurs lèvres, trop bien élevés, Dieu merci, pour se permettre cette laideur très contemporaine et très vulgaire du sacre et du juron. Là toujours, dans ces familles, nous entendons comme autrefois les premières leçons du catéchisme, les premières formules des prières enseignées par les lèvres maternelles ; et là enfin ont été gardées et pieusement transmises jusqu’à nous les saintes et naïves ballades emportées de France par nos premières aïeules :

« C’est la poulette grise
« Qu’à pondu dans l’Église…
« La Sainte Vierge part en chantant
« Avec ses beaux cheveux pendants…

Oui, la société familiale canadienne remplit noblement ses deux fins principales qui sont de faire des enfants et de les bien élever.

D’autres documents vénérables nous attestent la piété familiale de jadis : je veux parler des testaments des anciens. Les vieux n’ont point laissé de livres d’heures. Il est rare qu’ils sont partis sans laisser à leurs descendants une gerbe de conseils où se retrouve la grandeur émouvante des adieux des patriarches. « Nous avons parcouru des centaines et des centaines de testaments, écrit l’historien de la Seigneurie de Lauzon, où le notaire, grave et solennel, déclare d’a-