jusqu’à ce qu’elle débouchât dans l’avenue du manoir. Alors à mesure qu’ils passaient vis-à-vis de l’avenue et sans prendre garde que madame Taché eût le dos tourné, les habitants ôtaient leur chapeau et saluaient courtoisement. Un jour un jeune gars quelque peu échauffé tire à côté et passe à toute vitesse la voiture seigneuriale. Madame Taché donne ordre à son cocher d’arrêter ; elle se tourne du côté de ses gens et demande d’une voix haute : « Quel est l’insolent qui a passé devant moi ? » Un vieillard s’avance, chapeau bas, et dit avec des larmes dans la voix : « C’est mon fils, madame, qui est malheureusement pris de boisson, mais soyez certaine que je l’amènerai faire des excuses, et, en attendant, je vous prie de vouloir bien recevoir les miennes pour sa grossièreté ». Je dois ajouter, continue de Gaspé, que toute la paroisse ne parlait ensuite qu’avec indignation de la conduite de ce jeune audacieux.
Voulez-vous une autre preuve de la cordialité
des relations entre seigneurs et censitaires ?
Vous savez avec
quel soin scrupuleux les
anciens choisissaient les
parrains et les marraines
de leurs enfants. Ils
ne confiaient ce grave
honneur qu’aux gens
assez nobles pour le
bien porter. Or pres-