Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/94

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teau allait au plus prochain donateur du pain bénit. D’où l’expression populaire passer le chanteau pour signifier à quelqu’un que son tour est venu de s’exécuter.

Une autre coutume où l’Église était mêlée et où se joignaient l’élément champêtre et religieux, c’était le feu de la Saint-Jean. Le feu de la Saint-Jean avait lieu le 23 juin au soir, la veille de la Saint-Jean-Baptiste. La fête remontait aux premiers temps de la colonie, puisque, d’après les Relations, il y eut un feu de la Saint-Jean-Baptiste en 1636.

Quand la fête se passait sur la place de l’église elle ne manquait pas de solennité. On érigeait une pyramide octogone d’une dizaine de pieds de haut en face de la porte principale. La pyramide était de bois de cèdre recouvert de branches de sapin. La cérémonie commençait par un salut du Très-Saint-Sacrement à l’intérieur de l’église ; puis le curé accompagné du clergé, sortait, récitait les prières du rituel et, avec un cierge, portait le feu aux brins de paille disposés à chaque coin de la pyramide résineuse. En un instant une flamme claire et grésillante montait dans la nuit et c’étaient des cris de joie, des acclamations, des coups de fusil, tant que brûlait la moindre flammèche du feu de la Saint-Jean. Dans les villes les choses se passaient avec plus de splendeur. En 1666 Mgr de Laval assistait à la fête, à Québec, revêtu pontificalement, avec tout le clergé en surplis.