Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/93

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faire jusqu’au tribunal de Mgr Briand. Un jours à Saint-Thomas et à Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud, des chantres qu’empêchent de dormir les lauriers d’un militaire, veulent que le pain bénit leur soit offert avant le capitaine de la côte. Le curé refuse et les chantres conspirent avec Jean Marot, bedeau de la dite paroisse, et déclarent la grève du lutrin. Le cas, s’il vous plaît, fut porté à M. l’Intendant Hocquart qui condamna les grévistes à vingt livres d’amende, les laissant libres toutefois d’abandonner ou de garder le lutrin.[1]

Bien des ordonnances de ce genre existent contre ceux qui ne veulent pas donner à leur tour le pain bénit. Le pain bénit ! Encore une vieille coutume qui achève de s’en aller. Dans les débuts on se contentait d’offrir tout bonnement du pain de ménage. Avec le temps, la vanité s’en mêla et les gens à l’aise et les autres aussi se mirent à offrir d’opulents gâteaux de pâtissier, enluminés de feuillets d’or coupés en castors ou en feuilles d’érable, divisés en étages avec des cousins et un chanteau. Le dimanche le pain bénit était porté au chœur solennellement sur un brancard, au commencement de la messe, pour la bénédiction. Puis le bedeau et ses aides le distribuaient. Les cousins allaient aux chantres en surplis, aux personnes de distinction, aux parents et amis ; le chan-

  1. Arrêts et règlement » du Conseil Supérieur, p. 638.