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PRÉPARATIFS DE BATAILLE

— Oh ! le malheureux, et risquer de pareils honoraires ! s’exclama l’Irlandais. Voulez-vous, Maud, que je lui parle ? Car enfin, vous savez, ajouta-t-il de son air le plus patelin, ce sont là des questions de famille. Et pour aborder le sujet avec Jules, il me faudrait m’abriter derrière vous, parler en votre nom. Voulez-vous que j’essaie ?

— Je veux bien, fit Maud, peu confiante. Duffin se leva :

— Oh ! à la vérité, dit-il, je n’entretiens qu’un faible espoir. Mais pour vous, Maud, pour votre père qui est si alarmé, je verrai Jules. Je tenterai cette suprême démarche. J’userai de tous mes moyens auprès de lui. Je lui ferai voir le grand homme qu’il pourrait devenir, demain, s’il le voulait ; je lui montrerai le péril de sa vie d’agitateur, le néant au-devant duquel il court, les risques qu’il fait planer sur sa famille. Voilà ma partie à moi. Vous, Maud, après moi, faites appel à son sentiment ; pesez sur son cœur le plus que vous pourrez. À nous deux, s’il plaît au ciel, nous devrions gagner quelque chose.

— Ah ! mon Dieu, mon Dieu ! s’écria Maud, s’abandonnant à une crise de larmes. Que j’ai peu d’espoir ! En quelle énigme je me débats. Elle sanglota quelques secondes, mais très vite elle se ressaisit :

— C’est bien, Duffin ! dit-elle ; allez et que Dieu vous soit en aide !

Le beau-frère était reparti d’un pas pressé. C’est à ce moment que Lantagnac l’avait aperçu,