prêt à honorer magnifiquement l’homme qui aurait rendu un tel service à ses compatriotes et à son pays.
Lantagnac eut un geste de dégoût.
— Voyons, mon cher beau-frère, insista gravement l’Irlandais, vous êtes entré dans la vie politique pour servir les vôtres, je pense. Une augmentation d’honneur et de prestige qui rejaillirait sur votre cause, serait-elle une chose si criminelle ? Eh bien, soyez le grand pacificateur que tout le pays attend. Moins que cela, ne figurez point à la manifestation du 11 mai. Et vous n’aurez pas même un mot à dire, un geste à faire pour devenir sénateur et peut-être mieux encore.
Lantagnac resta là stupéfait de tant d’ingénuité et de machiavélisme. Il se leva. Il pointa le doigt vers la muraille où, cet après-midi-là, s’étalaient dans la lumière du soleil les armoiries des Lantagnac. Au-dessus du cimier de la couronne de comte surmontée d’un lion d’or hissant et portant une lance, il montra la vieille devise de sa famille se détachant en vif relief : Plus d’honneur que d’honneurs ; puis, d’une voix où vibrait toute sa dignité de gentilhomme outragée, il demanda :
— Au nom de qui venez-vous ici, Duffin, et pour qui me prenez-vous ?
Et il attendit, les yeux d’une fixité impitoyable, braqués en détente sur le binocle de son assaillant. À ce moment, le regard du tentateur devint insaisissable comme sa pensée secrète ; ses yeux