Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
À LA RECHERCHE DU DEVOIR

d’école qui, il y a à peine quelques mois, risquaient la prison pour rester dans l’enseignement libre. Et, dites-moi, n’y a-t-il pas, dans ces dévouements, le témoignage d’une race irréductible, le signe d’une force surhumaine qui soutient les courages ?

Lantagnac connaissait trop l’émouvante épopée de ces humbles, trop de fois il l’avait lui-même exaltée, pour que cette évocation ne le troublât point. Pourtant sa volonté résistait opiniâtrement, s’arc-boutant de son mieux aux derniers replis de terrain.

— Mais enfin, mon Père, insista-t-il, il faut en revenir au point précis. Que veut, en somme, votre agitation ? La révocation du Règlement XVII, n’est-il pas vrai ? Ou, du moins, la fin de la persécution ? Il faudra toujours en revenir là.

— Parfaitement, interjeta le Père Fabien, s’efforçant d’être calme. Et ce point précis, je ne l’oublie pas, veuillez le croire.

— Vous croire ? Je le veux bien, dit Lantagnac qui ne laissa pas le religieux développer sa pensée ; mais pour obtenir cette révocation, vous n’avez pas compté, si j’ai bonne mémoire, sur la seule puissance des Franco-ontariens, sur leur seule résistance, quelque superbe qu’elle soit. Certes, les sacrifices, les héroïsmes mêmes que vous évoquez honorent grandement notre cause ; je les admire comme vous ; ils l’aideront, j’en suis sûr, devant Dieu. Mais pour triompher définitivement et le plus tôt possible, vous avez compté