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L’APPEL DE LA RACE

crénelure de son toit, et ses vastes fenêtres carrées, à quelque grand High-School. En passant près d’un rosier fleuri, Lantagnac qui avait le goût des élégances, cueillit un bouton et le mit au revers de sa redingote. Puis il s’engouffra avec le flot des curieux sous la grande porte d’entrée. Le sénateur Landry était là qui rapidement lui tendit la main et lui dit :

— Merci d’être venu.

Le député gravissait les premiers degrés de l’escalier ; un regard jeté par une des fenêtres qui donnaient sur la grande place du Musée, attira soudainement son attention au passage d’une limousine qu’il crut reconnaître.

— N’est-ce pas là ma limousine ? se dit-il.

Mais déjà la voiture avait passé et s’était perdue dans la foule des autres. Lantagnac fit son entrée à la Chambre. Droit, élégant dans sa tenue des grands jours, il alla prendre sa place, à gauche de l’orateur, dans l’espace libre réservé aux députés indépendants, à ceux que l’on appelle les colons du no man’s land. La Chambre était bondée de spectateurs comme aux grandes heures de la vie parlementaire. Les tribunes regorgeaient de tout le beau monde de la capitale. Déjà, la plupart des députés avaient pris leur siège. Ils causaient à voix basse. Dans la salle planait la solennité qui précède les tempêtes. Des souffles étranges la traversaient de part en part, comme aux jours orageux d’été, entre deux roulements de tonnerre, un souffle venu on ne sait d où, passe,