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VERS LA CONQUÊTE

Tous s’amusèrent de la répartie. Lui qui voulait battre sans retard le fer déjà prêt, proposa donc à son petit monde une heure au moins de conversation française par jour, durant toutes les vacances.

— Acceptez-vous ?

Un « oui » unanime manifesta au futur professeur les bonnes dispositions de ses élèves. Le même soir quand il rentra dans sa chambre, quelqu’un l’arrêta au passage. C’était Virginia. Elle prit son père par le cou et, le baisant doucement, lui dit à l’oreille :

— Si vous saviez comme je vais les aimer nos leçons de français ! Il y a si longtemps que je les désire, que je songeais même à vous les demander !

Ces paroles de sa cadette remuèrent délicieusement Lantagnac. Décidément tout irait bien. Et, ce soir-là, le converti de Saint-Michel s’endormit dans la joie de sa première victoire.

Le lendemain on partait en vacances pour le lac MacGregor. Lantagnac venait d’acquérir là, à quelque vingt milles d’Ottawa, à un demi-mille à peine de l’embouchure de La Blanche, en plein pays de Québec, une villa d’été. Il l’avait choisie sur une île isolée et très escarpée qui surgissait des profondeurs du lac comme une ancienne crête de montagne immergée. En ce lieu de repos, l’avocat espérait satisfaire à la fois son goût de la tranquillité et du pittoresque. Il voulait surtout se retremper, lui et les siens, dans l’atmosphère