Page:Groulx - Le drapeau canadien-français, 1944,.djvu/5

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Un souvenir personnel, avant de terminer cet article écrit à la hâte au milieu des nécessités d’un ministère très prenant. J’étais sur le bateau du Saguenay, en mil neuf cent vingt, au mois de juin. L’A. C. J. C. tenait, à Chicoutimi, son congrès sur la colonisation, et avait convoqué les officiers de ses cercles. Un soir, donc, vers dix heures, près du Cap Trinité, dans la nature grandiose que l’on devine, un groupe se forme. Il y a, sur le pont, M. Groulx, M. Héroux, et d’autres, et d’autres, que nous, les jeunes, entourons avec respect. Un jeune missionnaire, tirant d’une poche de son manteau un tout petit volume, se met à nous lire « Les adieux de la Grise », « La leçon de français », etc… Le religieux lisait avec une émotion poignante, nous étions pris, et nous applaudissions. M. Groulx se tenait modeste, les yeux baissés, les mains jointes. Alors, devant le fracas de notre enthousiasme, M. Héroux se penche vers M. l’abbé Groulx, et lui dit, en indiquant la jeunesse ardente et qui le vénérait déjà : « C’est votre châtiment, monsieur l’abbé ».

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