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LOUIS RIEL

et
LES ÉVÉNEMENTS DE LA RIVIÈRE-ROUGE
en
1869-1870


J’imagine assez volontiers, dans un recul lointain — un ou deux mille ans d’ici, alors que pourra s’écrire l’histoire impartiale — un volume avec ce titre : la Naissance du Manitoba, orné, à son frontispice, de la silhouette d’un jeune homme de vingt-cinq ans, robuste, haute prestance, bouche éloquente, œil brûlant, magnétique. Et ce serait Louis Riel.

— I —

Quel destin pathétique nous y serait révélé, l’un des plus passionnants de l’histoire canadienne ! Le jour même où, poursuivi par les soldats de Wolseley, il montait à cheval pour commencer sa vie de fugitif, Riel aurait dit à Mgr  Taché : « Ma mission est finie ! » Chargé de mission ! Ce jeune homme avait reçu, semble-t-il, le sacre providentiel. Sa mission, il finirait par y croire, plus tard, jusqu’à l’hallucination. Le flot des immigrants commençait à battre les portes de l’ouest. Le Canada venait d’acquérir les territoires. Essayons de nous rendre compte des répercussions de l’événement, dans le petit pays un peu somnolent de la Rivière-Rouge, si loin de la capitale canadienne, en