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VII

MON GRAND SÉMINAIRE À VALLEYFIELD

Je ne fis que deux séjours au Grand Séminaire de Montréal. La première année, après quatre mois, je devais, sur les conseils du Supérieur, plier bagages. J’étais depuis toujours de santé frêle. Attaqué par la vérole, presque à ma naissance, épidémie qui devait emporter mon père ; ressaisi par la diphtérie à l’âge de sept ans, maladie à laquelle j’échappai presque par miracle (elle nous avait pris trois d’entre nous quelque cinq ans auparavant) ; atteint d’une crise d’appendicite à l’âge de dix-sept ans (autre crise dont je sortis vivant je ne sais trop comment, à une époque où l’on nous soignait tout de travers et où la chirurgie ne savait encore intervenir) ; souvent fatigué dans mes dernières années de collège (au point que l’on m’envoya, quatre ans de suite, me reposer dans ma famille), je n’avais pourtant souffert ni du côté de l’estomac ni du côté du sommeil. Après quatre mois de grand séminaire, faute d’hygiène et d’un bon médecin et par excès d’étude et par un peu de contention peut-être, j’étais devenu un franc dyspeptique et j’avais perdu le sommeil. Mgr Émard me fit venir à son évêché. Son secrétaire, un monsieur Dutrisac, se mourait de tuberculose. Mon évêque m’employa à quelques travaux de ce secrétariat. Je cherche en vain le profit que je retirai de ce séjour à l’évêché de Valleyfield. Monseigneur a soin de ne point m’accabler d’ouvrage. Autant que mon état de santé le permet, je me plonge dans la Somme de saint Thomas, une édition Lachat