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XIII

SOUVENIRS DE ROME AU TEMPS DE PIE X

Un nom, un homme alors emplissait Rome : Pie X. J’avais le bonheur de vivre dans la Ville éternelle à une heure où un saint, un saint authentique — la suite l’allait démontrer — illustrait la papauté. Il tenait tête vers 1908 à la folie rageuse du modernisme, et tout autant à un débordement incroyable d’anticléricalisme. La France subissait le combisme, l’une des plus douloureuses crises de son histoire. Le peuple italien qui n’aime pourtant guère ni la France ni les Français, mais peuple sans beaucoup de personnalité, nous semblait-il, se croyait obligé de copier la France anticléricale du petit père Combes. La mairie romaine est passée aux mains des pires éléments de la franc-maçonnerie. Un journal ignoble, l’Asino, caricature le Pape de la façon la plus grossière. Dans la rue, le moindre rassemblement de la populace expose à des insultes tout porteur de soutane. L’on voit même des groupes de forcenés franchir les portes des églises, y provoquer du tumulte, interrompre, siffler les prédicateurs. Un dimanche du carême de 1907, en compagnie de mes amis les abbés Wilfrid Lebon et Lucien Pineault, je me rends