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XVI

VERS FRIBOURG

Et je me mets en route vers Fribourg, en Suisse. En revenant de Rome, j’y avais d’ailleurs laissé mes malles et ma petite bibliothèque d’étudiant. Qu’allais-je faire à Fribourg ? Étudier la littérature. Quelles raisons ou motifs m’ont conduit là ? Inquiets de ce qui se passait en France, mon évêque, nos chefs religieux d’alors ne prisent guère, pour leurs jeunes prêtres, un séjour d’études à Paris, pas même à l’Institut catholique, réputé foyer de modernisme. Inquiétudes que ne laissent pas de partager des catholiques de France. Beaucoup parmi eux déplorent l’esprit antireligieux et même antifrançais qui infecte malheureusement une partie de l’enseignement d’État.

L’Université suisse s’est acquis, même à Rome, la réputation d’un centre conservateur, orthodoxe, parfaitement immunisé, croit-on, contre l’hérésie moderniste. Hélas, je ne tarderai pas à le constater : là aussi l’ivraie a vigoureusement poussé. À Fribourg, comme en bien d’autres milieux universitaires, l’encyclique Pascendi a répandu l’effroi et le désarroi. Fribourg ne sera pas pour moi pays inconnu. On se souvient qu’à l’été de 1907, j’y ai déjà fait un arrêt. Puis je retrouverai là deux de mes compagnons d’étude de Rome : les abbés Lebon et Warren. Tous les trois, nous aurons notre chambre au Convict Albertinum. Je me sens heureux. Sans doute, le paysage de Rome me manquera, ce paysa-