chevelure noire à larges boucles. Son enfance malheureuse n’avait guère assombri ce jeune homme, pourtant plus à plaindre qu’un orphelin.
Ma mère, chargée d’une ferme et de quatre enfants en bas âge, se remaria au bout d’un an, cette fois encore, avec un jeune engagé : Guillaume Émond, âgé de vingt-cinq ans. Il était né à Vaudreuil, à la Petite-Côte double. C’était une connaissance. Ma mère l’avait connu, dans le Détroit, alors qu’il servait lui-même, en qualité d’engagé, à quelque distance d’Antoine Campeau. Guillaume Émond avait été, en outre, le compagnon de travail de Léon Groulx, aux États-Unis. Aurait-il suivi, lui aussi, les leçons de catéchisme de la jeune Philomène ? Après ce second mariage de ma mère, la maison des Chenaux reprit sa vie accoutumée, vie silencieuse, vie laborieuse d’un jeune couple qui allait reprendre la tâche inachevée.