parmi celles-là, une qui va me suivre longtemps dans la vie et dont je parlerai tout à l’heure. Les cercles de jeunesse, dans la capitale, m’invitent à leur raconter, en grande intimité, l’aventure de mes jeunes croisés de Valleyfield. Histoire d’obtenir de ces sortes de confidences qu’on n’arrive pas toujours à exprimer dans un livre où, malgré soi, on s’enferme en de certaines réserves.
Rencontre avec le Père Rodrigue Villeneuve, o.m.i.
Est-ce à l’occasion de ces causeries que je fais la rencontre d’un jeune religieux oblat avec qui je vais me lier si intimement ? La première lettre que je possède du jeune religieux — on aura compris qu’il s’agit du Père Rodrigue Villeneuve — est du 6 mai 1914. Je lui ai adressé mes compliments au sujet d’un panégyrique de saint Thomas d’Aquin qu’il vient de prononcer. Ces compliments lui avaient fait un extrême plaisir. Il m’écrit donc le 6 mai 1914 : « Ce qui m’est mille fois plus précieux, c’est l’amitié toute sacerdotale et apostolique que vous voulez bien m’exprimer : misit illos binos. Vous avez saisi à merveille le désir qui m’est venu sur les lèvres en vous quittant, je ne sais trop par quelle audacieuse naïveté : Amicitia pares aut invenit aut facit. » C’est le début de notre amitié.
Ceux qui n’ont pas connu le Père Rodrigue Villeneuve, o.m.i., en sa jeunesse, ne savent pas tout ce qu’il y avait, en l’âme de ce jeune Oblat, d’aimable simplicité, voire de candeur en même temps que d’aspirations à fines pointes vers tout ce qui peut faire la grandeur de l’homme et du prêtre. Un noble cœur, je dirai même un très noble cœur, et aussi un très noble esprit qui se tient des antennes vives, ardentes, vers tout le champ du savoir. Un esprit d’une rare curiosité intellectuelle et qui cherche à communiquer, autour de soi, parmi les jeunes scolastiques dont