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XXIII

VOYAGE EN ACADIE AVEC
LE PÈRE RODRIGUE VILLENEUVE, O.M.I.

J’allais partir, en effet, pour un voyage en Acadie. Et avec quel charmant compagnon ! Au Congrès de l’ACJC de cette année-là, le « Petit Père Villeneuve » avait prononcé une conférence sur l’Acadie. Dans l’auditoire se trouvait un cousin à lui, Zoël Perrault, haut fonctionnaire de l’enseignement à Montréal. Le cousin dit au Père, après sa conférence :

— Tu as bien parlé de l’Acadie. Mais tu en as parlé comme un quelqu’un qui n’y est jamais allé. Veux-tu y faire un voyage ? Je t’offre d’en payer les frais, même s’il te faut amener un compagnon.

Les supérieurs du Père lui feront observer qu’un religieux pouvait difficilement se balader ainsi, pendant un mois, et encore moins avec un autre religieux. Un jour, à Vaudreuil, le « Petit Père Villeneuve » m’arrive à la recherche d’un compagnon. L’invitation, ai-je besoin de le dire, fut promptement acceptée.

Donc, l’un des premiers jours d’août, nous partons tous deux pour l’Acadie. Le beau voyage en perspective ! Je me suis muni de provisions documentaires : ouvrages de l’abbé Casgrain et de quelques autres sur l’histoire acadienne, ainsi qu’une bonne édition du poème Évangéline de Longfellow. Avant le départ nous nous traçons un itinéraire : premier arrêt à Restigouche, rive sud de la baie des Chaleurs, puis rive sud du Golfe, arrêt à Moncton, à Shédiac, à Beauséjour, traversée dans l’Île-du-Prince-Édouard, retour à la vallée d’Annapolis, à la Grand’Prée,