AU PRESBYTÈRE DU MILE END
En 1917, un événement d’importance minime, eût-il semblé, va marquer profondément ma vie. Depuis mon arrivée à Montréal, soit depuis dix-sept à dix-huit mois, j’habite au presbytère de Saint-Jean-Baptiste. J’ai dit la situation qui m’y est faite : situation incompatible avec un enseignement qui, à lui seul, fait plus que m’absorber. J’en avise un jour l’auxiliaire de Montréal, Mgr Gauthier : « Ou me nommer simple vicaire, lui dis-je, ou me nommer simple professeur. » Non, certes, encore une fois, que le ministère paroissial m’inspire la moindre répugnance. Mais ni ma santé, ni le temps laissé à ma disposition ne me permettent de faire face à ce qu’en somme l’on m’a désigné pour devoir d’état. Au fait, un historien, conscient de son métier, peut-il faire autre chose que de l’histoire ? Un homme connaît ma situation et la déplore : l’abbé Philippe Perrier. À parler franc, c’est chez lui que, dès l’automne de 1915, j’aurais souhaité loger. On m’envoya à Saint-Jean-Baptiste, je ne sais trop pourquoi, pour me préserver apparemment d’une influence grandissante, celle d’un prêtre, qui, en hauts lieux, porte ombrage. Un jour, au début de 1917, je reçois un téléphone de l’abbé Perrier : « J’ai une chambre libre ; si vous voulez la prendre, elle est à votre disposition. » Le jour même je demande et obtiens la permission de changer de logis. Je ne connais alors que de loin le sympathique abbé. Au Grand Séminaire de Montréal, il m’a enseigné en ma quatrième année — année de quatre mois — le droit canonique. Ici et là nous