d’en faire le premier « dîner d’Action française ». J’en trouve le rapport dans L’Action française (VI : 502-508). L’un des directeurs et l’un des fondateurs de la Ligue des Droits du français et de sa revue, le Dr Joseph Gauvreau, me présente à ce dîner les souhaits de bon voyage. Il s’en acquitte à sa manière pittoresque et vibrante. On vient de me confier la direction de la revue. De l’allocution du docteur, je détache deux passages dont on saisira plus loin l’à-propos :
Pour savoir quelle reconnaissance la Ligue d’Action française doit à M. l’abbé Groulx, il faut connaître les circonstances extraordinairement difficiles dans lesquelles il est entré comme directeur de la Ligue.
Notre période d’enthousiasme effervescent était passée. Déjà deux directeurs sur six avaient flanché. Nous étions en face de difficultés graves de régie interne, d’administration générale et de propagande. Nous manquions d’hommes, nous manquions d’argent. La critique, plus avide de réformes que de progrès, devenait agaçante. Le temps de commenter nos statuts était arrivé. Il fallait exposer largement notre doctrine, par le ministère de notre revue. Un maître nous était nécessaire…
L’éminent service rendu par l’abbé Groulx à la Ligue d’Action française, c’est d’avoir dégagé notre doctrine de sa gangue, et d’avoir contribué plus que personne par ses articles de revue, ses conférences, ses mots d’ordre, ses enquêtes, ses pèlerinages, je ne dis pas de faire accepter notre doctrine, elle l’était depuis longtemps par tout le peuple in petto, mais de la vulgariser et de la mettre au rang des flambeaux qui ne s’éteignent pas.