cière du Devoir se corse. Georges Pelletier, pressé par les administrateurs, s’en va demander à M. Bourassa :
— En quels termes désirez-vous prendre congé de vos lecteurs ?
Bourassa, quelques minutes plus tard, lui remet ce qu’il a griffonné :
« M. Bourassa ayant démissionné comme directeur du “Devoir” hier, M. Georges Pelletier a été nommé directeur-gérant et M. Omer Héroux rédacteur en chef. »
Stupéfaction de Pelletier. — Impossible de publier pareille chose, proteste-t-il. Nous allons nous faire attraper par tout le monde.
Le démissionnaire prend son ton le plus sec pour répondre :
— Ceci ou rien !
Quelques jours plus tard, de passage à Montréal, je me rends au Devoir. J’y rencontre Pelletier et Héroux. L’un et l’autre et l’un après l’autre me mettent au courant des derniers événements. En me reconduisant chez M. Héroux, Pelletier me dit :
— Le Devoir va reprendre sa tradition. La preuve, c’est que M. Héroux y reste.
M. Héroux me refait le récit de ce qui vient de se passer. Et lui, l’homme de confiance du maître, celui à qui seul, pendant longtemps, il acceptait de s’en rapporter pour le résumé de ses discours improvisés, me confie avec infiniment de peine, que le maître ne lui parlait plus depuis deux ans ! Et pour quelle faute si grave ? Parce que M. Héroux, muni pourtant de la permission de son Ordinaire, avait continué de lire L’Action française de Maurras.
J’allai de là à la retraite annuelle du clergé au Grand Séminaire de Montréal. Mgr Georges Gauthier se permit de souligner les changements survenus à la direction du Devoir. Il ajouta :