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quatrième volume 1920-1928

de profit net sur ces contrats, alors que Le Soleil, L’Action catholique même, et plusieurs autres journaux de la province ont fait sur des contrats du gouvernement jusqu’à 40 ou 60 % de profit net. Qui a été le plus créchard ? [En marge, au crayon, de la main de M. Pelletier : Et nos ouvriers sont contribuables…]

Du côté du gouvernement d’Ottawa, nous n’avons jamais reçu autre chose que les annonces que les gouvernements ont données à tous les quotidiens, soit pour des emprunts de guerre, soit pour le rationnement, etc., etc., à un prix commercial fixé d’avance par nos tarifs d’annonces et depuis des années.

Je crois vous avoir connu au temps où j’étais étudiant en droit à l’Université Laval, à Québec, et que vous étiez à la faculté de médecine. Je vous ai toujours considéré comme un homme honorable ; mais je vous assure que mon détachement de la politique, de la finance et de la crèche, comme vous dites, ainsi que mon ambition personnelle ne m’ont jamais mis au-dessous de vous, et que mon sentiment de l’honneur est certainement égal au vôtre, ainsi que mon sentiment de patriotisme.

Vous pouvez désormais continuer d’être sous l’impression que je fais partie des gens qui auraient mis M. Bourassa dehors ; mais vous savez maintenant, par un témoignage tout à fait désintéressé, qu’il est faux que M. Bourassa ait été mis hors du journal, soit par moi, soit par d’autres. Il est parti de son propre chef, entre autres choses parce qu’il craignait que le journal dût déclarer qu’il abandonnait la partie en 1932. Quant à moi, j’ai agi simplement pour sauver le journal et, depuis onze ans, je n’ai eu aucun regret de l’avoir fait. J’espère que je mourrai avant que le journal meure et je vis uniquement pour cela. Je n’ai pas d’autre intérêt dans la vie, ni aucune ambition personnelle, quoi qu’on ait pu dire.

Bien à vous,

Georges Pelletier
Directeur

Explication de l’évolution de Bourassa

J’ai raconté de mon mieux, sans autre documentation toutefois que mes souvenirs, l’évolution de Bourassa. La crise dura environ dix-sept ans, de 1922 à 1939. J’en reviens de nouveau à