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III

NOS DIRECTEURS

Mais avant d’aller plus loin, peut-être convient-il de présenter les chefs, les directeurs de l’œuvre. Une œuvre, une entreprise humaine n’a guère de nom ni d’existence en soi. Elle est, elle n’existe que par les hommes qui la fondent et la font vivre. De 1917 à 1928, l’équipe de l’Action française se modifiera quelque peu. Retenons les vedettes et les persévérants.

L’abbé Philippe Perrier

En tête le président de la Ligue, celui que tous appellent, à l’Action française, un peu partout, d’un nom familier : le Curé. Le Curé, c’est l’abbé Perrier. On le connaît déjà. Un prêtre qui l’est de la tête aux pieds. Surtout dans l’âme. Un curé à servir de modèle dans la direction d’une paroisse de ville. Un esprit curieux, ouvert, instruit, une personnalité dynamique qui, par-delà son ministère paroissial, trouve le moyen de donner son coup d’épaule à quantité d’œuvres et qui ne le donne jamais à demi. Homme sympathique, jovial, d’un incomparable entregent, dont les hommes surtout raffolent. Je le vois encore nous arrivant, le plus souvent la barrette sur l’arrière de la tête, un mot, une taquinerie à la bouche pour chacun, pour ses familiers qu’il appelle ses « bons gros boys ». Il était notre aîné à tous. Au Grand Séminaire de Montréal, où je l’avais connu, il m’avait enseigné le droit canonique. Le Curé avait volontiers le ton tranchant, la décision dogmatique. Mais il y mettait tellement de bon sens,