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mes mémoires

Notre A. est dangereusement malade. Un coup de foudre nous atteint. Elle a fait récemment le voyage à Québec, avec toutes sortes d’agréments et de bienvenues pour elle et pour nous… C’est dans ces circonstances heureuses qu’une accumulation de bile et une maladie de foie se déclare avec une effrayante violence chez notre A. depuis plusieurs jours…

Encor quelques jours, et nous saurons si nous conserverons cette chère enfant.

Papineau se prépare déjà au pire. Il écrit encore à la même nièce :

Oh ! Si Dieu la rappelait à lui, il faudrait croire et espérer qu’il voudrait nous retirer de ce triste monde bientôt après, car pour sa sœur, sa mère et moi, il ne serait plus supportable (Corr. XII : 75).

Un mois et demi plus tard, le mal paraît à peine se calmer. Azélie a été transportée à Ottawa. Le 27 septembre, Papineau écrit, cette fois, au Père Bourassa, o.m.i., le futur desservant de Montebello :

Tout ce que vous avez fait, faites & ferez, avec la Sœur Thibaudeau, en vue des soins & traitemens que demande la tentative de ramener à son premier état de santé notre chère enfant, reçoit notre entière approbation & nos sincères remerciements… Les remèdes donnés ont opéré favorablement, c’est là l’essentiel.

Et Papineau d’en revenir au thème de la suprême résignation :

Combien grand est le besoin que Dieu nous donne la consolation de voir cette chère enfant se rétablir ! Si son inscrutable volonté était de nous refuser ce bienfait, priez que nous ne blasphémions pas son saint nom, et que nous pleurions le reste de nos jours sans murmures impies & offensants (Corr. XII : 80).

En la maladie de Mlle Azélie, n’y avait-il que poussée de bile et attaque du foie ? Et à cette maladie même n’y avait-il pas quelque cause psychologique ou morale ? Mlle Adine Bourassa nous a laissé quelques pages d’un « Mémoire » sur sa mère. Ces pages