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mes mémoires

lettre de Mgr Émard, à cette date ; du moins je ne m’en souviens guère, de me répondre Bourassa. En tout cas, je regarderai. » Et je raconte à Bourassa en quelles circonstances j’avais entendu Mgr Émard donner lecture de cette lettre à un groupe de prêtres de Valleyfield. C’était en 1912, quelque temps après le débat sur les écoles du Keewatin. Un dimanche soir, nous voici, nous les prêtres du Collège de Valleyfield, convoqués expressément, après les vêpres, à l’évêché, pour une conférence ecclésiastique. Surprise générale ! Que nous voulait-on ? De conférence ecclésiastique, il ne s’en était jamais tenu à l’évêché. Ce soir-là, prêtres du Collège et prêtres de l’évêché sont pourtant réunis dans une salle. L’évêque préside. Il s’excuse d’avoir négligé ces sortes de conférences, s’engage à les tenir plus régulièrement à l’avenir. Pour la forme, il pose quelques cas de morale. Mais la conférence tourne court lorsque l’abbé Delphis Nepveu, professeur de philosophie et préfet des études au Collège, refuse carrément de répondre : « Je n’ai pas l’habitude, dit-il, d’aborder de pareils sujets sans préparation. » Douche d’eau froide qui oblige Mgr Émard à démasquer sa véritable intention. La conférence ecclésiastique n’était qu’un prétexte. Pour ne pas nous renvoyer si tôt, il a apporté un dossier ; il nous en donne lecture. Le dossier est fait de lettres échangées entre le ministre de la Justice à Ottawa, Ch. Joseph Doherty et le délégué apostolique du temps à propos des écoles du Keewatin. En écrits ou paroles Bourassa avait-il critiqué publiquement l’attitude du délégué ? Le dossier se fermait sur une lettre de Mgr Émard à Bourassa où il reprochait à ce dernier un grave manque de justice envers le représentant du Saint-Père. Quelques jours plus tard, je rencontrais dans la rue, à Montréal, Mgr