les milieux de jeunesse. Quelle y était, au juste, la répercussion de notre mouvement ? De quelles idées, de quelle philosophie de l’action se nourrissaient nos cadets ? L’enquête a été placée sous la direction d’Antonio Perrault. Quelques groupes de jeunes s’y intéressent. Le Quartier latin, organe des étudiants de l’Université de Montréal, veut bien nous dire (14 janvier 1926) :
Pour nous, étudiants, l’enquête devrait nous intéresser tout particulièrement… Un homme intelligent s’oriente : il n’entre pas dans la vie, les yeux fermés… Il pose à la base de sa vie certains principes auxquels il joint la réalisation de certaines aspirations. Remercions L’Action française de nous aider à peser la valeur de nos doctrines…
Dans cette enquête, avons-nous gauchement procédé ? Au lieu de publier les réponses l’une après l’autre, et au lieu même de les publier, n’eût-il pas mieux valu les cueillir toutes, puis, dans un article, en dégager l’esprit dominant ? C’est l’opinion d’Esdras Minville, opinion qu’il m’expose dans une lettre du 29 décembre 1925 : « Cette façon de procéder, me confie-t-il, laisserait plus de liberté aux collaborateurs qui n’auraient pas ainsi à atténuer leur pensée, à farder la pilule, comme on le fait toujours lorsqu’on écrit pour le public. » Minville ne nous le cache point :
Je sais, pour avoir consulté autour de moi, que bien des jeunes ne pensent pas comme moi. Tous ne conçoivent pas le problème de la même façon ; il en est même qui vont jusqu’à se demander s’il ne vaudrait pas autant pour nous, Canadiens français, cesser toute lutte et nous abandonner au fil du courant. Ceux-là ne répondront pas à votre question, ou s’ils y répondent, ce sera pour tenter de démolir la thèse de ceux qui, comme moi, limitent le problème national aux proportions pures et simples du problème canadien-français.
Nous avons opté pour une publication des réponses. Je ne sais quelles raisons nous y ont déterminés. Onze de ces réponses ont paru dans les volumes XV, XVI et XVII de L’Action française. Minville a prévu juste : ceux-là qui se sentent en accord avec notre mouvement daignent nous répondre. Mais les autres… Un esprit étrange commence à passer sur une génération qui succède pourtant et de si près à celle qui a fondé l’Association catholique de la Jeunesse canadienne-française, la Ligue nationaliste,