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troisième volume 1920-1928

vants. Le moyen de rester optimiste, aurait-il dit à sa manière, quand, pendant un demi-siècle, on a vu défiler la galerie de la Comédie humaine ! Au surplus, ceux-là seuls, n’est-il pas vrai, n’ont jamais connu la tentation du pessimisme que les résignés à la médiocrité dans les desseins et les réalisations de cette vie.

Le souvenir que je garderai de lui sera celui de l’un des plus nobles cœurs que j’aie connus. Jusqu’à la fin il m’était resté fidèle, toujours prêt à se porter à mon secours. Hélas, un de ces jours de janvier 1955, au bout du fil, m’arriva ce petit bout de phrase, auquel l’on ne s’habitue point : Antonio Perrault est mort. Je le savais vieilli. J’ignorais qu’il fût gravement atteint. Autre deuil qui, à ceux qui vieillissent trop, donne à la vie l’aspect d’un cimetière.

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Autres collaborateurs

Il ne me reste plus qu’à mentionner quelques figurants. Ceux-là ne feront que passer à notre comité de direction ou n’y auront joué qu’un rôle secondaire : Louis Hurtubise, collaborateur dévoué, qui ne s’occupa guère que de l’administration ; l’abbé Lucien Pineault, fondateur de la Faculté de philosophie à l’Université de Montréal, aumônier des étudiants, et qui, en raison de ses absorbantes fonctions, n’aura que peu de temps à nous consacrer ; Émile Bruchési, avocat, qui ne nous arriva que dans les dernières années. Parmi les jeunes, je devrais accorder une mention à Hermas Bastien, jeune homme si riche alors de brillantes promesses. Pourquoi celui-là est-il resté en route ? Un de ces mystères des destinées humaines et du développement de l’esprit. Aussi bien se demander : pourquoi la fleur en reste-t-elle au bou-