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mes mémoires

Ma collaboration écrite

Jusqu’à la fin, je crois avoir fourni à la revue une active collaboration. La « Table des matières » de chaque volume en porte la preuve. Outre ma participation à chacune des grandes enquêtes, et outre « La vie de l’Action française » que signe Jacques Brassier, en presque chaque numéro, et sans compter un bon nombre des mots d’ordre, j’écris nombre d’articles de circonstance sur des sujets divers : « Notre hommage au Devoir » (à l’occasion de son dixième anniversaire), « Marguerite Bourgeoys », « François de Laval », « Louis-Joseph Papineau », « La Découverte du Mississipi », « Mgr Taché », « Les Vingt ans de l’ACJC », « Les Patriotes de ’37 et les châtiments de l’Église ». J’écris des relations de voyages : « Dans Kent et Essex », « Lettre du Manitoba », « Les Franco-Américains et nous » ; quelques articles de critique littéraire : « L’Obscure Souffrance de Laure Conan » ; des articles de demi-polémique : « L’Anglomanie scolaire : Nous faut-il plus d’anglais ? ». Et encore : « La haine de la terre », « L’école des héros », « Le Mexique ». Presque chaque année aussi je fournis ma part de collaboration à notre Almanach de la Langue française.

Mon attention, je le constate, s’éparpille un peu, se porte de bien des côtés. Déjà je suis un homme inquiet. La multiplicité et la gravité des problèmes qui se posent sur la route de notre petit peuple m’effraient. Je n’en veux pour preuve que cette finale de mon article sur « Les Vingt ans de l’ACJC » écrit en 1924 :

… Le temps n’est plus où la jeunesse pouvait se passer de grandes inquiétudes. L’effort de survivance que nous soutenons est effroyable de difficulté et d’audace. Tout indique que d’ici cinquante ans les grands événements se passeront en Amérique autant qu’en Europe. Placé entre la décomposition mexicaine et le chancelant État canadien, le colosse américain va réaliser son rêve d’hégémonie continentale ou succomber devant la menace grandissante du Pacifique. Le petit vaisseau de nos destinées devra traverser victorieux ces formidables remous. C’est donc l’heure, pour chaque âme, de se tendre jusqu’à sa plus grande puissance ; c’est l’heure d’accrocher nos vies aux rêves les plus féconds, aux formules d’action les plus sûres et les plus pleines. Où borner l’espoir d’une génération qui voudrait être de large vision intellectuelle et de volonté hardie, pour embrasser nos