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Page:Groulx - Mes mémoires tome II, 1971.djvu/369

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quatrième volume 1920-1928

nos évêques, et la loi de l’adoption, qui permet à un jeune homme d’adopter une femme mariée, par un jugement sans appel, supposent une inspiration apparentée à l’esprit de M. Herriot.

M. Vanier a dûment signé ces deux pages de ses initiales : A.V. L’entrefilet Taschereau-Herriot n’échappe pas à l’œil vigilant des cerbères du gouvernement québecois. Le 9 septembre 1924, je reçois de Mgr Georges Gauthier, administrateur apostolique de l’archidiocèse de Montréal, ce court billet :

Mon cher ami,

Auriez-vous la bonté de me dire si, conformément au Canon 1386, vous avez eu de votre ordinaire l’autorisation d’être directeur de L’Action française.

Bien vôtre en N.S.

Intrigué, je me rends au cabinet de travail de l’abbé Perrier, dont j’habite alors le presbytère :

— Qu’y a-t-il là-dessous ? demandé-je au Curé.

Après avoir lu, M. Perrier me dit :

— Mais vous savez que l’Archevêque est parti ce matin pour Rome ???

Et tous deux de nous replonger dans une autre énigme. L’Archevêque m’a donc écrit ce mot à un moment où il n’en pouvait espérer une réponse avant son départ ?

— Passez-moi votre billet, me dit l’abbé Perrier. Et je vais aller voir Deschamps.

Deschamps, c’était Monseigneur l’auxiliaire, vieil ami et vieux compagnon du Curé. À son retour, M. Perrier me rapporte la relation suivante : Mgr Deschamps, entre bien des détours, bien des paroles elliptiques, finit par raconter que Mgr Gauthier, en instances auprès du gouvernement de Québec pour l’obtention de quelque faveur, s’est vu mettre sous les yeux, dûment crayon-