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quatrième volume 1920-1928

pour mieux connaître les principes dont l’on s’est détourné. Que l’on fasse la synthèse des doctrines où les divers groupes et écoles de ce temps-là vont animer leur action, et partout l’on verra quelque chose de net et de décisif. Dans l’ordre religieux et moral, c’est une intelligence plus claire du rôle de l’Église, du caractère social de sa doctrine, des finalités suprêmes qu’elle impose à la vie des peuples ; c’est un sentiment plus net, un orgueil plus conscient de la vocation surnaturelle de notre race et des devoirs qui en découlent. Dans l’ordre politique, c’est la condition du pays dans l’empire que l’on soustrait au nuageux laisser-faire des politiciens, pour la fixer sous la froide lumière des principes et de l’intérêt national ; c’est la condition même des provinces, du Québec en particulier, qu’au nom de la pensée de 1867, l’on arrache à un fédéralisme envahisseur. Dans l’ordre national, c’est le glissement arrêté vers l’abdication de la race ; c’est le refoulement des molles doctrines de prudence et de tolérance qui ne servent qu’à masquer nos défaites, et c’est la recherche et l’emploi de tous les moyens qui vont tonifier l’âme nationale, lui redonner le sens de son histoire, lui révéler le prix de ses hérédités et de ses droits.

Voilà ce que pensa et entreprit de faire, il y a vingt-cinq ans, une génération de jeunes hommes.