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mes mémoires

de notre histoire, entrer dans un ordre d’idées et de sentiments qui appellent le meilleur de l’homme…

L’Action française (III : 252-256) a gardé un compte rendu de ce pèlerinage, par l’abbé Olivier Maurault. On y peut lire aussi (p. 284-288) le discours que j’y prononçai. Le chemin était ouvert vers le Long-Sault. Dans le même numéro de la revue, Jean Beauchemin s’en félicitait :

Tous les rêves que formulait M. l’abbé Groulx, au mois de mai 1918… sont à la veille de se réaliser. Il voulait qu’un monument se dressât face à l’Outaouais : c’est déjà fait ; il voulait que les foules apprissent le chemin du Long-Sault : cela aussi est fait ; il voulait que les jeunes gens allassent au pays de Dollard prêter leur serment à la patrie : cela est à la veille de se faire. Nous avons vu les collégiens de Rigaud accompagner en corps les pèlerins du 24 mai. Quelques jours plus tard, un groupe d’écoliers de Beauharnois se rendait à son tour au Long-Sault. Le 24 juin, des centaines de collégiens, élèves des divers collèges de la région de Montréal, reprendront, par l’Outaouais aux rives peuplées de souvenirs historiques, la route des compagnons de Dollard. Ce pèlerinage se fera sous le patronage de l’Action française, le premier secrétaire-général de la Ligue des droits du français, M. le Docteur Gauvreau, nous fera l’honneur d’y prendre la parole en notre nom, mais nous tenons à préciser que tout le mérite de cette initiative revient aux collégiens eux-mêmes.

D’année en année, en dépit du temps presque toujours incertain, en cette fin de mai, le mouvement ne cessera plus de s’amplifier. Des foules plus nombreuses se rendent à Carillon ou Long-Sault. En 1921, c’est 3,000 pèlerins qui se rendent au pays de Dollard (L’Action française, V : 359). En ces années-là, la fête débute par une veillée d’armes solennelle ; la veillée d’armes en 1921 a lieu dans l’église de Notre-Dame de Montréal. D’autres ont lieu, dans les années suivantes, à Saint-Pierre, à Saint-Henri. Dès lors la fête s’étend à toute l’Amérique française. Je demanderai bientôt qu’à l’exemple de ce qui se passe en Espagne, il y ait chez nous une « Fête de la race », et que cette « Fête de la race » soit celle du 24 mai. Il semble que l’on y soit en 1921. Dans sa chronique du mois de juin de cette année-là, Jacques Brassier relate l’extraordinaire expansion désormais prise par la