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mes mémoires

28 février, je me rends donc chez M. Wilbois. Il a épousé une demoiselle Demolins, fille d’un sociologue bien connu, disciple de Le Play, auteur d’un ouvrage qui, au début du siècle, avait fait joliment de bruit : À quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons. Pour réaliser sa théorie, Edmond Demolins avait même fondé l’École des Roches où l’on s’efforçait d’élever les jeunes Français selon la méthode anglaise. On s’en souvient aussi, sans doute : Ferdinand Brunetière, dans ses Discours de combat, n’a pas consacré moins de deux de ses fameux discours à réfuter les théories de Demolins. Je rappelle ce souvenir et le mariage de M. Wilbois pour marquer simplement quel milieu il fréquentait.

Parmi les invités, je ne fus donc pas étonné d’apercevoir le sociologue Paul Archambault, directeur de la Journée industrielle et Robert Garric, fondateur des Équipes sociales, directeur ou futur directeur de l’importante Revue des Jeunes, et ancien président, je crois aussi, de l’ACJF. Charmant homme au surplus, avec une figure de mystique et que j’avais, en particulier, remarqué en un Congrès national de la jeunesse catholique à Chartres, pour son discours direct, la précision de son esprit. Le cas du Monsieur qui, en un Congrès, ne se lève que pour dire quelque chose, m’a toujours paru une sorte de miracle. Je rencontre aussi chez Wilbois, Gaëtan Bernoville, directeur des Lettres, une revue littéraire de jeunes, de beaucoup d’allant. Autour de la