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cinquième volume 1926-1931

Heureusement la conversation n’a pas tourné qu’autour de ces choses désagréables. René Bazin m’entretient de son dernier roman, Magnificat, qu’il achève ou vient d’achever. Je lui promets un article-réclame dès mon retour au Canada, article qui parut en effet dans Le Devoir du 23 juin 1931. J’en cite le premier paragraphe où, sans y avoir pensé plus que cela, j’ai ramassé le vif sentiment d’admiration que m’inspirait cet homme :

Écrire plus d’une cinquantaine de volumes, intituler le dernier : Magnificat, faire que ce titre s’harmonise à l’architecture générale de l’œuvre comme sa dernière tourelle, sa dernière fleur aérienne à un château de France, voilà, certes, une fort enviable carrière d’écrivain. Cette rare fortune est celle de M. René Bazin.

Dîner chez Wilbois

Puisque j’en suis aux dîners, je me garde d’en oublier un, pour la scène cocasse, qu’il va m’attirer. Monsieur J. Wilbois, de l’ « École d’administration et d’affaires », m’invite à dîner chez lui le 28 février. Il me croit encore directeur de L’Action française et il m’a dit : « Je vous ferai rencontrer des directeurs de revues. » J’ai rencontré ce très sympathique M. Wilbois à Montréal, où il était venu quelques années auparavant, donner une série de cours à l’École des Hautes Études commerciales. Et précisément, en cette année 1931, et presque en même temps que moi, il donne à 100, rue de Vaugirard, une série de conférences sous le titre général : « La spiritualité américaine et le rôle du Canada français — Compte rendu de mission ». Parmi ces conférences, j’en note une, la dernière, donnée le 18 février : « L’élite canadienne-française : son éducation, ses spécialités, son rôle politique, son avenir ». Malheureusement, de ce dîner comme de bien d’autres, faute de temps, je n’ai alors consigné nul souvenir. Mais ma mémoire, et l’on verra pourquoi, n’a pas tout oublié. Ce soir du