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II

OUVRAGES PUBLIÉS

Et je continue aujourd’hui, 2 avril 1958, cet autre et sixième volume de mes Mémoires. Irai-je jusqu’au bout ? Me voilà redevenu convalescent. Le 21 novembre dernier, un grave accident de santé me terrassait de nouveau. Je ne puis écrire chaque jour que deux ou trois pages. Encore ne puis-je écrire que ces souvenirs. Allons-y. Histoire de m’ennuyer un peu moins. Quelle terrible chose que la paresse obligatoire. Souvent, j’aurais envie de réciter cette prière qui est de je ne sais plus qui, de Gustave Thibon peut-être : « Seigneur, enseignez-moi quoi faire pour ne rien faire. »

Période pleine, laborieuse. Période agitée que celle qui me mènera peut-être jusqu’à 1940. Après mes deux voyages en Europe et en Louisiane, ma besogne me ressaisit. Elle sera lourde. En moins de dix ans, pas moins de huit volumes verront le jour dont cinq d’histoire, un roman, deux recueils d’articles, de discours et conférences. En ce labeur, je ne tiens nul compte de mes cours d’histoire à l’Université : cours publics, cours fermés où je m’efforce de mettre le meilleur de mes recherches et de moi-même. Je laisse également de côté ma collaboration assez active à une revue qui prétend faire suite à L’Action française : L’Action nationale. Mes amis usent et abusent de ma bonne volonté. L’art de dire non aux quémandeurs me reste toujours incurablement étranger. Heureuse euphorie de l’existence humaine où l’on