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sixième volume 1931-1939

portant avait ramené dans l’Est : nul autre que le « Petit Père » Rodrigue Villeneuve, hier évêque de Gravelbourg en Saskatchewan, promu archevêque de Québec depuis 1931. D’une lettre de quatre pages (5 janvier 1933), j’extrais ces lignes :

Mon cher ami,

Je voulais plus tôt et mieux vous remercier de votre hommage « L’Enseignement du français au Canada » que j’achève presque de lire, à travers mes tracas. Mes félicitations et ma gratitude pour ce beau livre encore qui, comme plusieurs de ses aînés, est un bienfait pour le Canada français. Il ne sied pas que j’abonde en détails. Mais je le trouve très bien, émouvant, suggestif, fortifiant. Et j’ai éprouvé une joie secrète à penser que je suis lié si étroitement avec l’auteur.

Je n’aligne pas ces éloges, on voudra bien me l’accorder, par pure complaisance. Historien de profession je me défends mal d’écrire l’histoire de mon temps à mesure qu’elle me revient.

La Découverte du Canada — Jacques Cartier

Presque dans les mêmes jours où paraît le 2e tome de L’Enseignement français au Canada, mes cours publics me ramènent, sans le moindre artifice, à l’étude du Régime français. Ainsi m’en ouvrirai-je à un reporter du Canada (9 novembre 1933) : « Je n’ai nullement songé à la commémoration du quatrième centenaire du pays, pour entreprendre un Jacques Cartier. Il y a simple coïncidence. En mes cours publics je viens de terminer la période de l’Union des Canadas. Je ne me sens pas suffisamment préparé pour aller plus outre, aborder la période si confuse et si proche d’après la Confédération. J’éprouve le besoin de prendre une vue plus complète, plus synthétique de toute l’histoire canadienne. Je reviendrai donc au Régime français ; je l’étudierai, lui aussi, par tranches successives. » À une question du reporter qui m’interroge sur mes projets d’avenir, sur l’élaboration possible d’une « vaste synthèse de l’histoire du Canada », ma réponse se fait circonspecte. Évidemment, j’amasse des matériaux ; mes travaux antérieurs pourraient faire penser aux pierres d’attente d’un ouvrage de cette envergure : peut-être dix volumes, cinq pour chacun des Régimes, le français et l’anglais. Je ne m’en-