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mes mémoires

comme toujours de M. Héroux, un autre de Raymond Douville, dans Le Bien public des Trois-Rivières, un autre de Thuribe Belzile. Mon spicilège n’en contient pas d’autres. Sur le « livre du centenaire », la grande presse garda presque unanimement le silence. L’auteur ne fut pas mieux traité. Aux fêtes, aux cérémonies, aux banquets solennels qui se multiplieront en cette année 1934, et où les invités seront pléthore, on ne fera pas à l’auteur de La Découverte du Canada, l’honneur de la moindre invitation. Consigne officielle ? Oubli concerté ? Oubli qui soulève quelques vives protestations. Le Dr Philippe Hamel m’écrit de Québec (23 septembre 1934) : « On vous a ignoré aux fêtes de Jacques Cartier. Vous en sortez grandi dans l’estime de plusieurs. » Un rédacteur du Bien public des Trois-Rivières qui intitule son article « Une fourberie », s’exprime plus vigoureusement :

On n’a pas mis à l’honneur une seule fois, durant les fêtes du quatrième centenaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier, l’abbé Lionel Groulx, son plus remarquable, son plus lucide historien. Les organisateurs n’ont pas mentionné son nom, même sur le comité de réception, ne l’ont pas invité à rencontrer les délégués français venus ici pour connaître les principaux représentants de la culture française en terre d’Amérique. On a entendu des politiciens, surtout des politiciens, comme s’ils étaient le plus bel échantillon de l’esprit canadien…

Protestation encore plus vigoureuse peut-être de Georges Langlois, dans L’Ordre, d’Olivar Asselin :

Pourtant l’abbé Groulx est l’un des quatre que le Cardinal avait nommément désignés comme étant les seuls Canadiens français dont on puisse dire qu’ils sont des hommes « de haut savoir ». Cela seul devait l’imposer à notre petit monde officiel… La délégation française comprenait un bon nombre d’universitaires, d’hommes de lettres et de journalistes à qui le nom de l’abbé Groulx était l’un des plus familiers, sinon le plus familier, de tous nos universitaires et écrivains. Malgré cela la personne et le nom de l’abbé Groulx ont été oubliés d’une façon si complète qu’on dirait vraiment que cela était concerté. Aucun