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sixième volume 1931-1939

bois. On me presse de publier mes cours avant les fêtes en préparation ; on en veut faire le livre du centenaire. L’ouvrage porte un « achevé d’imprimer » daté du 31 mai 1934. Un court avertissement d’une page contient, entre autres, ces quelques lignes :

Je publie cet ouvrage parce qu’on m’a prié de le faire. Cet aveu n’est ni une fiction ni une excuse d’auteur… Mais nous voici au quatrième centenaire de la découverte du Canada. Peut-être serait-il opportun, m’a-t-on représenté, que les Canadiens eussent l’air de s’en apercevoir.

L’ouvrage devait être le « livre du centenaire ». L’a-t-il été ? Quel succès fut le sien ? Mon éditeur, j’ai lieu de le croire, escomptait une vente considérable. Le brave homme avait oublié la réputation suspecte que me faisaient, en ces années-là, nombre de mes conférences — conférences sur lesquelles je reviendrai. Aussi compromettantes, jugeait-on sûrement, mes accointances avec les Jeune-Canada, troublants réveille-matin. Encore plus mal vue, peut-être, ma participation, quoique très éloignée, à un programme de restauration sociale apparemment dirigé contre la politique régnante et dont, au surplus, un groupe politique allait faire bientôt un manifeste. L’ouvrage reçut un bon accueil de la presse libre. Il n’apportait rien de très neuf. Il situait néanmoins la découverte du Canada dans la conjoncture historique du XVIe siècle ; sur le personnage Jacques Cartier et sur ses voyages, il mettait au point les dernières acquisitions de l’histoire. Il utilisait la cartographie de l’époque, peut-être un peu mieux qu’on ne l’avait fait jusqu’alors. Et les travaux historiques sur le même sujet témoignaient d’une telle pauvreté que, sans flatterie, mon volume les dépassait sans trop de peine. « La valeur du livre… ne se démontre pas ; elle s’impose », dira le critique de L’Enseignement secondaire au Canada (janvier 1935). « L’histoire, ici, s’appuie sur des documents incontestés », prononce dans la Revue dominicaine (septembre 1934), le Père M.-Ceslas Forest, o.p. Relevons une couple d’articles dans Le Devoir, l’un généreux