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sixième volume 1931-1939

cher à Vaudreuil où je prenais quelques semaines de repos. Pour la première fois, un historien, geste audacieux, osait risquer une défense des « Patriotes de ’37 ». À une question précise de mon interlocuteur : « Donc, mon cher professeur, il y a lieu de réformer nos jugements sur ’37 ? », j’avais répondu :

— En somme…, il y a lieu de condamner, mais il y a lieu de changer la formule de la condamnation ; et il y a lieu de juger avec plus de modération, plus de nuances que dans le passé…

Au cours de l’entrevue accordée à M. Laurendeau, j’avais tenté de replacer les événements de ’37 dans leur ambiance ou conjoncture historique. Méthode à mon sens trop négligée jusque-là. Et c’est précisément pour avoir oublié ce principe élémentaire de critique historique que publicistes ou anciens historiens n’avaient trop souvent présenté de ce fait d’histoire, de ses causes et de ses antécédents, qu’un aspect étriqué. Ils n’y avaient vu qu’une vaine querelle de politiciens casuistes autour d’un vote de budget, c’est-à-dire d’un rite parlementaire, loin d’y discerner une question « nationale » embrassant le domaine économique, social, même culturel, autant dire toute la vie, tout l’avenir d’un peuple. On en faisait, en outre, une querelle exclusivement canadienne-française, propre au seul Bas-Canada, alors que des malaises presque identiques agitaient toutes les provinces britanniques de l’Amérique du Nord. Surtout, en cette effervescence politique l’on ne voulait retenir, afférente au Bas-Canada, que l’inique attitude du clergé et son malheureux dénouement, attitude à la fois mal comprise et mal expliquée. Sur ce dernier point le nouveau volume contenait un autre et long chapitre intitulé : « Les Patriotes de 1837 et le clergé », chapitre d’histoire absolument inédite, puisé aux archives de l’Archevêché de Montréal et de l’Évêché de Saint-Hyacinthe et où bien des demi-vérités étaient mises au point. Toujours sur ’37 ou s’y rapportant de quelque manière, ce Notre maître, le passé offrait d’autres études et par exemple sur « Le Papineau de M. Rumiliy », sur « Les idées religieuses de Louis-Joseph Papineau ». Sur l’union des Canadas, j’y dessinais le portrait d’ « Un chef de trente-trois ans » (Louis-Hippolyte LaFontaine). Autant de chapitres qui conféraient à l’ouvrage un caractère d’actualité. On le trouvait également plus substantiel, plus étoffé, moins académique, moins enflé