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sixième volume 1931-1939

nation canadienne-française. M. l’abbé Groulx représente à nos yeux l’incarnation de notre idéal national. Il est celui qui a su inculquer aux jeunes de sa patrie la juste compréhension de ce qu’est le sain patriotisme chrétien. Il est, et restera toujours, de tous les Canadiens français, un des seuls auquel la jeunesse ne permettra pas que l’on s’attaque. » Brave jeunesse à tout le moins coupable d’avoir trop espéré !

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D’autres interventions, dans les débats du temps, m’attireront, hélas, ces dangereux suffrages. Je crois l’avoir écrit plus haut : l’activité que je dépensai en ces années de ma vie, et où l’on m’entraîna souvent malgré moi, me laisse stupéfait, aperçue à distance. Comment ai-je pu tenir, mener tant de choses de front ? Si je m’en tiens à des éphémérides, je note cette longue suite de discours, d’articles, qui se suivent dans une chevauchée presque éperdue : fin de janvier ou premiers jours de février 1933, long discours pour les vingt-cinq ans du journal L’Action catholique de Québec : « Vingt-cinq ans d’éducation politique et nationale » ; 10 avril 1933, discours pour un Ralliement organisé au Monument National, par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, ralliement de quelques hommes venus un peu de tous les coins de l’horizon, et qu’on invite à traiter de nos problèmes nationaux les plus urgents. J’y prends la parole aux côtés de l’honorable Alfred Duranleau, ministre dans le cabinet Bennett, d’Ernest Lapointe, de l’Opposition libérale à Ottawa, d’Armand LaVergne, alors passé au parti conservateur. LaVergne prononce ces quelques mots, par trop dans la note des illusions où tant se complaisent : « Ce qui me rassure, c’est que M. l’abbé Groulx, mon professeur et mon seul chef, doit parler après moi et qu’il saura tirer les leçons qui s’imposent. » Les organisateurs de cette soirée entendaient susciter un réveil patriotique. Je salue, dès le début, un groupe de jeunes « dont l’impitoyable clairon promené,