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Page:Groulx - Mes mémoires tome III, 1972.djvu/354

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sixième volume 1931-1939

 

Nous nous plaignons aujourd’hui de compter pour peu dans notre pays et d’être parfois profondément méprisés comme race. Mais nous-mêmes quel cas avons-nous fait de notre qualité de Canadiens français ? Il n’y a point qu’en certains salons de bourgeois anglomanes que le titre est assez mal porté. Pour la plupart de nos prétendus guides politiques, le type de Canadien français le plus chic, le plus orthodoxe, n’est-ce point le Canadien français passé à la lime, démarqué comme un vieux sou, ou encore le Canadien français raccourci au lit de Procuste, ce qui nous permet de dire si élégamment : le « Canadien tout court » ?…

 

Nul peuple au monde n’a plus de drapeaux que les Canadiens français, et, pour cela même, nul peuple n’en a moins, ni n’arbore davantage le drapeau des autres. Que dis-je ? Un peuple, nous ? Une nation ? Allons donc !… Un assemblage de confréries.

Vais-je citer d’autres extraits ? Pourtant oui, même si je m’allonge abusivement. Je cite encore, ne serait-ce que pour faire voir, en l’année, à l’heure, dans l’ambiance où il me fut donné de parler, ce qu’involontairement de ma part, mon petit discours pouvait contenir de dynamite.

D’où vient le rebroussement ? Qui sont les responsables ? Et sommes-nous guérissables ? Les responsables ? À quoi bon les nommer ? L’Histoire n’est pas une potence. J’aime mieux répondre à la deuxième question. Car je suis de ceux qui croient à la guérison de notre petit peuple. Et nous ne sommes pas ici réunis pour chanter un Libera, mais pour préparer un Alleluia.

 

Peuple minuscule en face de cette terrible Amérique, nous n’avons pas le choix d’être Français, avec mollesse, avec dilettantisme, avec tous les flirts téméraires pour tous les snobismes : Français, nous le serons de la tête aux pieds, avec intransigeance, à force d’énergie et d’audace, ou nous cesserons de l’être.

Et encore ceci, à propos de la Confédération, sujet tant discuté :