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mes mémoires

l’insurrection de 1837. Henri Bourassa a donné sa version quelque temps auparavant. En ma leçon, on veut voir une riposte à Bourassa. Le 3 mars 1938, autre conférence, au Château Laurier d’Ottawa. Je lui donne pour titre « Qu’est-ce donc ?… » En somme, qu’est-ce donc que j’ai dit, écrit, prêché depuis vingt ans ? Précisions toujours opportunes en un monde où la comprenure est courte et si rare, et la déformation si intéressée. Je note encore deux articles ou deux comptes rendus de volumes que je ne puis refuser à des amis, l’un sur L’Accalmie de Léo-Paul Desrosiers, « Durham et son époque » (Le Devoir, 24 et 25 janvier, 1938) ; l’autre, sur Notre problème politique de Léopold Richer (Le Devoir, 1er  octobre 1938).

En ce même temps-là un vrai bonheur m’arrive. J’ai connu à Paris, au cours de ses études à l’Institut catholique, l’abbé Victor Vincent, devenu supérieur du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke. J’ai déjà prêché, en ce Séminaire, des retraites de vocation aux collégiens. Le Supérieur m’invite à prêcher à ses professeurs leur retraite d’entrée (14-18 septembre 1937). Pour rien au monde, sans expérience de ce côté, je ne me fusse risqué à des retraites aux prêtres du ministère paroissial. Une seule fois, sur invitation précise, j’accepterai de prendre la parole au début de journées d’études sacerdotales. Mais mon expérience acquise à Valleyfield, la direction des jeunes gens, direction pratiquée pendant douze ans, me rendaient plus hardi. J’accepte l’invitation. Que j’ai aimé ce ministère ! Que j’aurais souhaité le pratiquer plus longtemps ! surtout dans les dernières années de ma vie, si la maladie n’était venue m’assaillir. Prêcher à des confrères, c’était, pour moi, grâce suprême, faire acte de vrai prêtre. Au milieu de travaux qui me paraissaient si profanes, il m’était donné de parler de Dieu, de l’Église, des âmes, et ce, à des prêtres-éducateurs, investis, je l’ai toujours pensé, du plus haut et du plus magnifique ministère. Quoi de plus grand dans l’Église que de former l’élite chrétienne, se faire les pourvoyeurs des grands séminaires, des noviciats de religieux,