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septième volume 1940-1950

son champ d’histoire ; choix de membres correspondants où la section se révèle impossible ; projet de sections juvéniles ou de sections d’étudiants ; constitution d’un fonds d’archives au siège de l’Institut ; échange de documents et de conférenciers d’une section à l’autre ; réunion plénière, une fois l’an, pour la mise au point des travaux de chaque année, pour l’étude en commun de questions d’histoire ; édition d’études ou d’ouvrages des membres de l’Institut ; cours annuel de cinq à six leçons à l’Université de Montréal, sur un sujet ou l’autre de l’histoire de l’Amérique française. Ce même jour, le fondateur précise nettement le caractère de l’Institut :

Institut d’histoire « scientifique », affirme-t-il, même si le mot, pour son imprécision, ne lui a jamais plu. Donc point d’histoire-propagande, même nationale. Cette propagande se fera d’elle-même, par le prestige de l’œuvre, sans que l’on y songe. À une question, en effet, du reporter du Devoir qui lui demande :

— Vous avez dû songer, sans doute, qu’un Institut de cette espèce et de cette envergure qui suscitera la collaboration de tant de fils de la famille dispersée, et qui les fera travailler sur une matière aussi dynamique que l’Histoire, leur propre Histoire, vous avez dû penser, dis-je, qu’un pareil travail en commun fortifiera grandement la fraternité française en Amérique ?

Le fondateur répond : « Oui et non. Les historiens, vous ne l’ignorez pas, doivent s’interdire toute fin utilitaire, quelque noble soit-elle. Mais encore que leur travail exclue tout pragmatisme et n’ait le droit de s’en inspirer, pas plus que d’autres ils ne peuvent empêcher que leurs actes les suivent, je veux dire que leurs œuvres ou leurs travaux ne se prolongent dans le temps et la vie. Oui, je le crois, l’Institut d’histoire servira notre communauté française ; je crois même qu’il servira une communauté plus large. Plus j’étudie le fait français dans notre monde américain, plus je me convaincs qu’il fut éminemment, et sur tous les points, un fait de civilisation. Pourquoi en laisser perdre ou tomber dans l’oubli les moindres parcelles, alors que la civilisation du Nouveau-Monde a tant besoin de conserver toutes ses valeurs ?… »

Aujourd’hui, quand je cherche, en ma mémoire, les raisons déterminantes qui m’ont amené à fonder cet Institut d’histoire,