Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
mes mémoires 1940-1950

deux de ces raisons émergent avec relief. Tous les pionniers, quels qu’ils soient, inclinent à gémir sur l’imperfection de l’œuvre qu’ils laissent après eux. Qu’une ambition les hante, celle de préparer un achèvement de leur ébauche, quoi de plus naturel ? Ce fut là, je le crois bien, la première raison de ma fondation. En outre, et c’était là ma seconde raison, en mes recherches d’histoire, une constatation m’avait toujours douloureusement impressionné : l’impuissance de l’historien à cerner le moindre fait dans sa totalité, en raison des marges indéfinies qui l’enveloppent : perspectives ouvertes sur l’inconnu. Mon enseignement bientôt terminé à l’Université, j’espérais, sur certains faits plus passionnants, d’une valeur explicative souvent considérable, me livrer à mon gré à des études patientes, fouillées. Du moins toute l’équipe groupée autour de l’Institut, espérais-je, pourrait se vouer à ces indispensables recherches.

Le 13 décembre 1946, l’Institut prend naissance, à mon domicile du 261 rue Bloomfield, à Outremont. Le Comité de direction se compose de MM. Antoine Roy, archiviste de la province de Québec, de Léo-Paul Desrosiers, conservateur de la Bibliothèque municipale de Montréal, de Gordon O. Rothney, professeur au Sir George Williams College, de Gérard Filteau, de Shawinigan, auteur de La Naissance d’une nation et de l’Histoire des patriotes (1837-1838), de Guy Frégault, professeur à l’Université de Montréal, docteur en histoire de la Loyola University (Chicago, É.-U.), du Frère Antoine Bernard, c.s.v., professeur d’histoire de l’Acadie à l’Université de Montréal, de Maurice Sé-